Foreplay entre conjoints

Comme cela a déjà été affirmé précédemment, l’Islam considère le désir charnel comme semblable à tout autre désir devant être satisfait de façon licite et en respectant certaines conditions. L’Islam encourage à le satisfaire dans le cadre du mariage et indique ce qui stimule le désir des époux. On rapporte à ce propos que Jâbir a dit : J’étais à la traîne, monté sur un dromadaire qui servait d’habitude à transporter de l’eau, mais lorsque le Prophète (s) lui donna une frappe –ou l’éperonna– il se mit à galoper en tête du convoi sauf lorsque je le retenais. Le Prophète (s) me rejoignit et me dit :« Me le vends-tu pour telle et telle somme, et Allah te pardonnera ? ». Il est à toi ô Messager d’Allah, lui répondis-je. Le Prophète augmenta le prix et me dit : « Me le vends-tu pour telle et telle somme, et Allah te pardonnera ? ». Il est à toi ô Messager d’Allah, lui répondis-je de nouveau. [Sulaymân, le rapporteur du hadith, dit : Je ne sais combien de fois le Prophète proposa à Jâbir de lui vendre son dromadaire.] Le Prophète me dit ensuite : « T’es-tu marié après la mort de ton père ? ». Oui, répondis-je. « Une femme vierge ou déjà mariée ? », me questionna-t-il de nouveau. Une femme déjà mariée, répondis-je. Il me dit alors : « Que ne t’es-tu pas marié avec une vierge avec qui tu folâtres et tu t’amuses ? » `Ahmad, hadith numéro 15055.

Mieux encore, l’Islam donne une grande valeur au batifolage entre époux car il renforce les sentiments d’affection et d’amour qui les unissent. Le Prophète (s) dit à ce sujet :« Pratiquez le tir à l’arc et l’équitation mais je préfère que vous sachiez tirer à l’arc que monter à cheval. Tout loisir pratiqué par le musulman est blâmable sauf le tir à l’arc, le dressage de son cheval et le fait de badiner avec son épouse qui sont des loisirs louables ». Ibn Mâjah, hadith numéro 2811.

Par ailleurs, chacun des deux époux doit entretenir son hygiène corporelle, veiller à dégager une odeur agréable et à prendre soin de son apparence car tout ceci renforce l’amour et l’affection d’une part et empêche la répulsion de s’installer. Le Prophète (s) dit à ce propos : « Allah est beau et aime la beauté ».Muslim, hadith numéro 91.

On rapporte de ‘ `ichah qu’elle dit :Je parfumais le Prophète avec le parfum le plus odorant qui soit au point que ses cheveux et sa barbe se mettaient à briller.Al-Bukhâri, hadith numéro 5579.


On rapporte également à ce propos d’Ibn ‘Abbâs qu’il dit : Je m’embellis pour ma femme tout comme elle s’embellit pour moi et je ne veux pas exiger d’elle tous les droits que j’ai sur elle afin qu’elle n’exige pas les droits qu’elle a sur moi, car Allah (y) dit : « …elles ont des droits équivalents à leurs obligations, conformément à la bienséance… » [Sourate Al-Baqarah – La Vache, verset 228].

En quoi consistent le batifolage et le badinage entre époux ?

Le batifolage et le badinage sur le lit conjugal :

Chacun des deux époux est autorisé à se dénuder devant l’autre et à trouver du plaisir à le regarder. On rapporte à ce propos de Bahz ibn Hakîm, d’après son père que son grand-père dit : Je demandai au Prophète (s) : Ô Messager d’Allah, à qui devons-nous montrer notre nudité et à qui devons-nous la cacher ? Le Prophète me répondit en disant : « Cache ta nudité à toute personne sauf à ta personne ou à l’esclave que tu possèdes ». Je lui demandai ensuite : Qu’en est-il lorsque des gens vivent dans un état de promiscuité ? Il me répondit : « Si tu peux faire en sorte que personne ne voit ta nudité, cela est meilleur ». Je lui demandai finalement : Qu’en est-il de l’homme qui est seul ? Il me répondit alors : « Allah mérite le plus que l’on soit pudique à Son égard ». « al-mustadrak » d’Al-Hâkim, hadith numéro 7358.

Chacun des deux époux est autorisé à jouir physiquement de l’autre de la manière qui lui plaît, à condition que la pénétration soit vaginale.

On rapporte en effet d’Ibn ‘Abbâs que ‘Umar se rendit auprès du Prophète (s) et lui dit : Je suis perdu. « Comment cela », lui demanda le Prophète. J’ai inversé ma selle cette nuit, répondit ‘Umar. Le Prophète ne dit mot et Allah lui révéla le verset dans lequel Il dit : « Vos femmes sont un champ de labour. Allez à votre champ, comme vous le voulez. »Il dit ensuite à ‘Umar : « Approche ta femme par devant et par derrière, mais évite la sodomie et les menstrues ». Ibn Hibbân, hadith numéro 4202.

Ce hadith ne signifie pas que la femme doit être délaissée et isolée en période de menstrues. On rapporte que ‘ `ichah a dit :Quand j’avais mes menstrues, je buvais et je passais le récipient au Prophète qui posait ses lèvres là où je les avais posées pour boire à son tour. De même, quand j’avais mes menstrues et que je mangeais de la viande sur un os, je le passais au Prophète qui posait les lèvres là où je les avais posées pour manger à son tour. Muslim, hadith numéro 300.

Cela ne signifie pas non plus que son époux ne doit pas jouir d’elle ni elle de son époux. On rapporte à ce propos de `Anas que les juifs ne mangeaient pas en compagnie d’une femme ayant ses menstrues ni ne cohabitaient avec elle dans leurs foyers. Les Compagnons questionnèrent alors le Prophète (s) à ce propos et Allah (y) révéla le verset dans lequel Il dit : « Et ils t’interrogent sur la menstruation des femmes. - Dis: «C’est un mal. Eloignez-vous donc des femmes pendant les menstrues… » [Sourate Al-Baqarah – La Vache, verset 222].

Le Prophète (s) dit ensuite aux Compagnons : « Jouissez d’elles comme vous le voulez sauf par le coït ». Lorsque ces paroles parvinrent aux oreilles des juifs, ils dirent : Cet homme ne cesse de nous contredire sur tout. `Usayd ibn KhuDayr et ‘Abbâd ibn Bichr dirent alors au Prophète : Ô Messager d’Allah, les juifs disent telle et telle chose. Nous ne cohabiterons donc pas avec nos femmes en période de menstrues. Le visage du Prophète s’assombrit au point que nous crûmes qu’il en voulait à ces deux hommes. Après qu’ils soient sortis de chez lui, il reçut comme présent du lait et il envoya quelqu’un les rattraper afin de leur en offrir. Nous sûmes alors qu’il n’en était rien. Muslim, hadith numéro 302.

On rapporte aussi de Jâbir que les juifs disaient : Lorsque l’homme approche son épouse par derrière, elle accouche d’un enfant borgne. Allah (y) révéla alors le verset dans lequel Il dit : « Vos femmes sont un champ de labour. Allez à votre champ, comme vous le voulez ». L’homme peut donc approcher son épouse par devant ou par derrière, pourvu qu’il la pénètre vaginalement. Ibn Hibbân, hadith numéro 4166.

La tradition prophétique recommande à l’homme d’évoquer le nom d’Allah (y) avant de procéder au coït et de L’invoquer en utilisant les formules prononcées par le Prophète (s),

conformément au hadith dans lequel il dit : « Lorsqu’un homme désire avoir des rapports avec son épouse, qu’il dise : Au nom d’Allah, épargne-nous de Satan et épargne ce que Tu nous accordes de Satan. S’il dit cela et qu’un enfant naît de cette union, il ne subira aucun mal de la part de Satan ». Al-Bukhâri, hadith numéro 6025.

Il convient à l’homme de batifoler avec son épouse, de la cajoler et de l’embrasser afin de stimuler son désir.

Il lui est aussi recommandé de patienter jusqu’à la mener à l’orgasme, conformément au hadith dans lequel le Prophète (s) a dit : « Quand l’un de vous copule avec son épouse, qu’il soit sincère avec elle et s’il atteint l’orgasme avant elle, qu’il ne la brusque pas et qu’il attende jusqu’à ce qu’elle atteigne l’orgasme à son tour ». `Abû Ya’lâ, hadith numéro 4201.La chaîne de narration de ce hadith est faible.

De plus, ‘Umar ibn ‘Abdil ’Azîz rapporte que le Prophète (s) a dit :« Ne la pénètre pas avant qu’elle ait atteint une excitation équivalente à la tienne afin que tu ne la précèdes pas dans l’orgasme ». Est-ce à moi de la faire atteindre cet état d’excitation ?, questionna le Compagnon. Le Prophète lui répondit alors : « Oui, tu dois l’embrasser et la caresser puis lorsque tu vois qu’elle est dans le même état d’excitation que toi, pénètre-la ». Ibn Qudâmah dans « Al-Mughni », vol.2, p.137.

La tradition prophétique recommande à celui qui désire avoir un nouveau rapport sexuel d’accomplir les grandes ou les petites ablutions, conformément au hadith dans lequel le Prophète (s) a dit : « Lorsque l’un de vous a des rapports sexuel avec son épouse puis désire recommencer, qu’il accomplisse les petites ablutions ». Muslim, hadith numéro 308. La raison en est que les ablutions nettoient, purifient et redonnent des forces.

Le badinage et le batifolage lors de l’accomplissement des grandes ablutions :

En effet, badiner et batifoler ne se limite pas au lit conjugal. Au contraire, la poursuite de la vie commune dans de bonnes conditions ainsi que le renforcement des liens d’amour et d’affection requièrent que le badinage et le batifolage se fassent dans toutes les situations où cela est possible, à condition que cela ait lieu hors de la vue et de l’ouïe des autres. On rapporte ainsi que ‘ `ichah a dit : « Le Prophète (s) et moi-même faisions nos ablutions en prélevant d’un seul récipient.

Je tentais de prendre de l’eau avant lui et lui faisait de même. Il me disait (en plaisantant) :« Laisse-moi me laver le premier » Muslim, hadith numéro 321. et je lui disais de même.

Le badinage et le batifolage au sein du foyer :

On questionna ‘ `ichah à propos de la première chose que faisait le Prophète (s) à son retour chez lui et elle répondit : Il se brossait les dents avec un miswâk. Le Prophète (s) désirait probablement par cela se nettoyer les dents pour aller à la rencontre de son épouse.

On rapporte également de ‘ `ichah que le Prophète embrassa une de ses épouses puis sortit accomplir la prière à la mosquée sans refaire ses ablutions. Lorsque ‘Urwah lui demanda si l’épouse en question c’était elle ?Elle se mit à rire.`Ahmad, hadith numéro 25807.

Le badinage et le batifolage hors du foyer qui obéit aux conditions évoquées précédemment

c’est-à-dire qu’ils doivent avoir lieu hors de la vue et de l’ouïe des autres. On rapporte ainsi de `Abû Salamah ibn ‘Abdirrahmân que ‘ `ichah lui raconta qu’elle voyageait en compagnie du Prophète (s) alors qu’elle était une jeune fille et le Prophète (s) ordonna à ses Compagnons de nous précéder. Il dit ensuite à ‘ `ichah : « Faisons la course ». ‘A`ichah raconte la suite en disant : Nous courûmes alors et je le devançai. Plus tard, je sortis dans un autre voyage avec lui et il ordonna à ses Compagnons de nous précéder, puis il me dit : « Faisons la course ». J’avais déjà oublié la fois où je l’avais devancé et de plus, j’avais pris du poids. Je lui dis alors : Comment ferais-je la course avec toi dans cet état, ô Messager d’Allah ? « Tu feras la course avec moi », insista-t-il. Nous courûmes donc et cette fois-ci, c’est lui qui me devança et il me dit : « Ceci est ma revanche pour la dernière fois ». « as-sunanu l-kubrâ » d’An-Nasâ`i, hadith numéro 8945.

Il importe dans ce contexte de préciser qu’il est illicite de divulguer les secrets conjugaux et d’en faire des sujets de conversations dans les assemblées, conformément au hadith dans lequel le Prophète (s) a dit :« Parmi les pires personnes auprès d’Allah le Jour de la Résurrection figure l’homme qui dévoile ses secrets à son épouse et prend connaissance des siens puis les divulgue ». Muslim, hadith numéro 1437.

Par ailleurs, dans l’objectif de pérenniser la vie commune des époux et de fonder un foyer musulman à même d’abriter la jeunesse loin des dissensions et des antagonismes, la législation islamique définit les droits et les devoirs de chacun des époux afin que l’un comme l’autre sache ce qu’il doit et ce qui lui est dû.